Nouvelles données sur l’archéologie du Ségala : Les enclos gaulois et l’aqueduc romain de Vors

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Fin 2013, à l’occasion de la première phase de diagnostic du contournement routier de Baraqueville (RN88), au niveau du futur viaduc du Lenne, près du village de Vors, divers vestiges ont été découverts sur les 8 hectares sondés.

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Créé en 2009, le Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron est plus particulièrement chargé de réaliser, sur prescription de l’Etat (D.R.A.C. Midi-Pyrénées), les diagnostics d’archéologie préventive en amont des projets affectant le sous-sol du département. Un tel service, par sa proximité et sa réactivité, est un plus pour les aménageurs publics et privés de l’Aveyron. Cette opération a été réalisée sous la direction scientifique de J. Trescarte et de Ph. Gruat.

Occupation gauloise

Une occupation gauloise inédite, composée de plusieurs structures fossoyées repérées sur les photographies aériennes de l’IGN et dans le cadre d’un diagnostic archéologique (sondages), a été mise au jour près de Vors. Deux des quatre fossés d’un grand enclos (un peu plus d’un hectare) sondé présentent un profil en V à fond plat.

1. Photographie aérienne du secteur des enclos fossoyés et fossés de Vors réalisée à partir de plusieurs orthophotos extraites du logiciel de cartes PhotoExploreur (IGN), assemblées et modifiées sous Adobe Photoshop (couleurs et contraste) (traitement de l’image : Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron, J. Trescarte).

2. Dessin sur le cadastre de la commune de Baraqueville, à partir de la vue aérienne précédente, des enclos fossoyés et des fossés de Vors (DAO : Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron, J. Trescarte).

Dépôt d'amphores?

Une couche de dépôt contenant de nombreux fragments d’amphores italiques, des fragments de céramiques modelées et tournées indigènes, de petits fragments d’os brûlé et des charbons de bois, remplit en partie ces fossés. Ce niveau correspond soit à un dépotoir lié aux activités domestiques, soit à un dépôt rituel lié à la consommation du vin (en contexte cultuel ?). Le mobilier recueilli est composé majoritairement d’amphores vinaires italiques bien connues. Il semble que l’ont ait plutôt affaire à des amphores Dr. 1A qui datent l’occupation du site des années 150-75 av. J.-C.

Enclos gaulois

Il présente certains critères retenus comme étant à l’origine de l’implantation des fermes gauloises : l’accès à l’eau et aux ressources naturelles, notamment le bois. Bien que très acides, les sols du Ségala pouvaient convenir à l’élevage (porcs, bovins et ovins). De tels enclos accolés, comme ceux repérés sur les photographies aériennes, sont généralement interprétés comme du parcellaire gaulois. Dans l’enclos principal, sont regroupés les bâtiments ; les autres enclos sont dédiés aux activités agro-pastorales. On pourrait ainsi avoir un établissement agricole important à l’origine du développement, à proximité, de tout un hameau villageois tourné vers l’agriculture. Ces enclos pourraient éventuellement être des structures plus complexes relevant davantage de la sphère religieuse ou symbolique.

3. Photographie (en plan) du fossé A en fin de sondage manuel dans la tranchée TR. A8 (cl. Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron, J. Trescarte).

4. Photographie de la coupe ouest du fossé B en fin de sondage (tranchée TR. A10) (cl. Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron, J. Trescarte).

L'aqueduc romain

Comme nous l’attendions, deux tranchées ont permis de recouper le tracé souterrain de l’aqueduc gallo-romain de Rodez (Segodunum), tout près de son captage. L’aqueduc antique menant les eaux de Vors à Segodunum, sur près de 30 km, est connu depuis le XIXe s. Cet ouvrage a attiré l’attention de nombreux érudits, notamment au milieu du XIXe s., à l’occasion de sa restauration partielle afin d’alimenter Rodez en eau potable. Le diagnostic d’archéologie préventive constituait une opportunité pour préciser le tracé de l’aqueduc antique dans ce secteur méconnu et évaluer son degré de conservation. Les vestiges de l’aqueduc ont été mis au jour à une quinzaine de mètres du lit actuel du ruisseau du Lenne, en fond de vallon. À plus de 1,50 m sous le sol actuel, la conduite du XIXe s., qui a repris en grande partie le tracé de l’aqueduc antique, est constituée de tronçons en demi-lune en ciment moulé. Le pied-droit sud-est de l’aqueduc antique, encore en élévation sur 1,10 m, a pu être observé. Il est bâti en petit appareil irrégulier lié avec un mortier jaunâtre. De modestes traces d’un fin lit de béton de tuileau hydraulique rougeâtre se poursuivent sous le radier de la canalisation du XIXe s. Il s’agit d’un lambeau d’enduit recouvrant la base du radier de l’aqueduc gallo-romain.
 

5. Exemple de coupe de la partie souterraine conservée de l’aqueduc antique (d’après Labrousse 1981, p. 34, n° 5, manifestement d’après le fond archivistique du XIXe s.).

6. Vue du comblement de l’aqueduc du XIXe s. (61002) se détachant nettement du substrat encaissant (61009) dans la tranchée TR. B61 (cl. Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron,  Ph. Gruat).

7. Vue, depuis le nord-ouest, de la superposition des deux aqueducs dans la tranchée TR. B61. La conduite du XIXe s. (61005) est installée sur les vestiges arasés (61006 à 61008) de l’aqueduc antique fondés sur le socle rocheux (61009) (cl. Service Départemental d’Archéologie du Département de l’Aveyron,  Ph. Gruat).

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