Jean-Claude Luche : avec cette réforme territoriale, l’Etat recentralise

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Les déclarations faites ce mardi 3 juin par François Hollande dans la tribune confiée à la presse quotidienne régionale viennent confirmer sans nuances celles de Manuel Valls, il y deux mois devant l’Assemblée nationale.

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Suppression du Département

Le Département est bien supprimé, selon le calendrier initialement annoncé.
Depuis quelques semaines, le dialogue qu’avait ouvert, bien tardivement, le chef de l’Etat semblait donner du corps à une évolution du projet plus favorable aux départements ruraux.
Cette piste raisonnable et juste est abandonnée.
L’Etat coupe et tranche à son profit, en re-centralisant sous le couvert d’une soit disante politique de simplification et d’économies que je suis le premier à souhaiter mais qui serait sans aucun doute plus probante en commençant par cibler les compétences de chaque collectivité pour éviter les doublons.
De fait, l’Etat s’approprie le département.
Si ce projet va jusqu’au bout, c’est la fin d’une époque, celle ouverte par Gaston Defferre et réactivée par Jean-Pierre Raffarin. Elle  a permis aux Conseils généraux de faire la preuve de leur efficacité dans la mise en œuvre des solidarités entre les personnes et entre les territoires.
Est-ce ce qui fâche la haute administration, poussée quel que soit le gouvernement par une vision essentiellement urbaine ? Celle-ci ne vise qu’à reprendre la part de pouvoir qu’elle a perdue, sans n’avoir jamais admis que la décentralisation était d’abord une réponse d’intérêt général pour les Français et que la République pouvait s’enrichir de la diversité de ses territoires.
Que l’organisation des collectivités doive évoluer, c’est une évidence.
Mais pas de cette façon, qui nie les réalités de la France. Mais ce changement ne doit pas s’opérer à marche forcée, avec un cynisme abouti, qui conduit le chef de l’Etat à annoncer pour 2015 l’élection d’une assemblée départementale dont le seul objet sera d’organiser sa propre liquidation et à laisser les personnels dans l’inquiétude sur leur avenir.
J’ai plaidé, y compris vendredi dernier à Rodez dans le courrier que j’ai remis au président de la République, pour un traitement différencié entre les départements urbains et les départements ruraux, qui me semblait -et me semble toujours- équitable.
La question n’est plus à l’ordre du jour. La fin du Département est bien globalement programmée.
Nous ne sommes plus dans l’approche d’une démocratie de proximité, à la mesure des territoires.
J’ai le sentiment que le chef de l’Etat et le gouvernement prennent les départements en otage pour cacher leurs échecs à répétition : les élections municipales, les régionales, le chômage, l’économie qui n’affiche pas de reprise…
Ma révolte est profonde. Car il s’agit de la vie quotidienne de nos concitoyens qui est en jeu.
Les transports scolaires à Mélagues, la route à rectifier à Thérondels, le collège à aménager à Pont-de-Salars, le haut débit à amener jusqu’à Peyrusse-le-Roc, l’aide aux projets des communes du Carladez ou du Sévéragais… C’est le travail  du Département.
Fera-t-on mieux et moins cher depuis Toulouse ou  Montpellier ?
Le versement de l’APA aux personnes âgées, le suivi des familles en difficulté, l’accompagnement des personnes en précarité ? C’est le cœur de métier de notre collectivité.  Les communautés de communes auront-elles, si ce sont elles qui en ont la charge, les moyens d’y faire face ?
Voilà les vraies questions que pose cette réforme. J’ose espérer que, d’ici 2020, la raison l’emportera par delà les sensibilités politiques. Et je me battrai pour cela avec toute mon énergie.

Jean-Claude LUCHE

Président du Département

Publié le