Des programmes de recherche scientifique

Le complexe à stèles des Touriès

Le site du Premier âge du Fer des Touriès a été déclaré « d’intérêt majeur au niveau européen » dès mars 2011, par la commission territoriale de la recherche archéologique (CTRA), au vu des résultats des campagnes 2008-2018.

Les fouilles menées depuis 2008 sont dirigées par Philippe Gruat avec le concours d’une équipe pluridisciplinaire. Elles permettent d’appréhender l’organisation et l’évolution d’un probable sanctuaire héroïque archaïque, sans équivalent à ce jour en Méditerranée nord-occidentale et en Europe celtique, qui a fonctionné entre les VIII^e-VII^e et le début du IV^e siècle avant notre ère. Pour la première fois, ces stèles ne sont pas de simples remplois mais le résultat de manipulations particulières au sein de plusieurs aménagements successifs complexes relevant manifestement de la sphère cultuelle et/ou funéraire.

Ces recherches ont permis notamment de mettre en évidence une construction commémorative, un vaste podium composite de plus de 50 m de longueur, dont la partie la plus ancienne, construite au cours du V^e siècle avant notre ère, était probablement protégée par un portique. Ce monument rassemble et expose les stèles antérieures initialement érigées sur le site, d’abord selon divers alignements, puis vraisemblablement sur un imposant tertre (tumulus ?). Ces monolithes, lors de leur réutilisation, ont été tantôt consciencieusement conservés, tantôt mutilés et brisés avec acharnement. Parmi ces derniers, on relève plusieurs stèles exceptionnelles figurant des guerriers armés mais aussi des représentations de chars. Le site est implanté dans un lieu naturel remarquable, le cirque de Saint-Paul-des-Fonts. Il évoque un sanctuaire important à l’échelle du sud de la France, où on perpétuait la mémoire de lignées successives d’élites guerrières régionales (héros ou caciques), symbolisées par un équipement défensif rare – le cardiophylax (destiné à protéger le thorax) –, manifestement en compétition pour asseoir leur pouvoir.

Le complexe des Touriès soulève d’importantes questions à l’échelle du domaine celtique et de la Méditerranée nord-occidentale, auxquelles nous espérons répondre, du moins partiellement, avec la poursuite des recherches.

En savoir plus : Les Touriès - PDF (1.7 Mo)

L’église paléochrétienne de la Granède

Ce promontoire du Larzac connaît une occupation du Bronze final au haut Moyen Âge permettant de travailler sur la dynamique de peuplement des Grands Causses alliant à la fois les modalités de contrôle d’un territoire, les types d’habitat et leur évolution en fonction des phases chronologiques, les ressources exploitables et les voies de communication.

L’implantation d’une église dès le V^e siècle de notre ère associée à un espace funéraire, mais aussi à un nouveau système défensif, fait de ce site un cas d’étude pour le développement du culte chrétien hors du chef-lieu de Cité tout en soulevant la question du statut administratif de ce type d’établissement. La parfaite conservation des vestiges osseux des sujets inhumés, répondant aux caractéristiques d’une population villageoise cohérente et homogène, nous permet aujourd’hui d’aborder, grâce en particulier aux données ADN, l’étude de ses habitants.

Ce site fait donc l’objet d’un projet de publication dirigé par Christophe Saint-Pierre, dont le thème principal sera la présentation de l’église paléochrétienne, au cœur des opérations de fouille depuis 2006, et de l’espace funéraire qui lui est associé. Dans ce cadre, un effort particulier est porté sur la connaissance de la population vivant sur ce site de hauteur à travers l’étude de la collection ostéologique provenant de la fouille des sépultures.

Depuis 2011, le site bénéficie d’un accompagnement à la publication par la voie d’une aide à la préparation de publication soutenue par le service régional de l’archéologie d’Occitanie, le Département de l’Aveyron et la Ville de Millau sous la tutelle scientifique de Claude Raynaud de l’UMR 5140 de Lattes (CNRS).

En savoir plus : La Granède - PDF (20.87 Mo)

L’oppidum du Puech de Mus

L’habitat protohistorique du Puech de Mus se trouve sur la bordure occidentale du causse du Larzac. À 842 m d’altitude, il surplombe d’environ 280 m la haute vallée du Cernon, notamment la cité templière et hospitalière de Sainte-Eulalie-de-Cernon. Le site occupe une situation-clé aux confins de l’orbe celtique et du monde méditerranéen, en bordure immédiate d’un axe commercial important reliant le littoral au Massif central. Il a fait l’objet d’une fouille programmée pendant douze ans (entre 1995 et 2007) sous la direction de Philippe Gruat.

Il convient désormais de terminer la publication monographique du site, bien conservé grâce à une sédimentation importante et mis au jour sur plus de 3000 m². La fouille a documenté des systèmes de fortification successifs, notamment une enceinte « calcinée » avec poutrage interne d’un type original, et des structures d’habitats ou artisanales. L’abondant mobilier recueilli, daté des V^e-IV^e siècles avant notre ère, permet d’approcher les modalités de la vie quotidienne de cette communauté protohistorique, grâce par exemple à l’étude de ses productions artisanales (ateliers polymétalliques, céramique, etc.) et de la faune consommée. Les analyses environnementales effectuées sur les sédiments et charbons prélevés contribuent également à reconstituer le paysage caussenard du milieu de l’âge du Fer. Ces résultats sont très novateurs pour la protohistoire des Grands Causses.

Dans cette optique, des programmes annuels de préparation à la publication (2008-2012) ont été menés grâce à un co-financement de la DRAC Occitanie et du Département de l’Aveyron. Ces travaux ont permis d’achever les études spécialisées et les analyses nécessaires préalablement à la phase de rédaction collective qui reste à finaliser.

En savoir plus : Le Puech de Mus - PDF (9.2 Mo)